16. II. 2019. 68° 44′ 39 » N 52° 19′ 28 »W

Voilà deux jours que nous sommes arrivés sur cette banquise à l’autre bout du monde. Le thermomètre affiche – 16,5° ce matin. Le ciel est couvert et il n’y a presque pas de vent. Le soleil apparaît vraiment pour la première fois depuis notre arrivée et colore de rose -orangé les reliefs et les montagnes qui bordent la baie de Qammavinguaq où le Manguier est pris dans les glaces.
Le temps s’étire et passe très vite car tout ici justement prend du temps quand il faut s’habiller, se préparer, se chausser avant de se risquer au froid d’un extérieur polaire que nous redoutons encore.
Aujourd’hui, nous partons tous ensemble pour Akunnaaq en début d’après midi. Cette fois, je préfère prendre les bâtons pour marcher dans la neige où nous nous enfonçons facilement jusqu’au genoux, parfois, jusqu’à l’aine.
Le chemin ne présente pas de difficulté particulière. Il faut monter un premier col et après un petite marche d’un quart d’heure, on arrive au lac où se trouvent deux petites cabanes. Plus loin, un grand cairn domine le paysage. Nous découvrons alors un fantastique panorama, mais le ciel est couvert et l’on devine au loin l’étendue de la mer de Baffin, hérissée de blocs de glace qui ressemblent à des immeubles, les icebergs. Voilà déjà un premier repérage pour un futur dessin de panorama ! Mais comment m’y prendre ? Je sais qu’il va falloir m’acclimater avant d’être capable de me coltiner à ce chantier complètement givré…
La vue découvre très vite le village, ponctué de petites maisons colorées telles que je les imaginais. Tout est tellement différent ici ! nous marchons sur le chemin gelé, longeons les maisons. La première est celle de Ferdinand le musher, ses jolis chiens blancs aboient et en s’excitant à notre passage. A droite un petite maison violette où le linge sèche aux couleurs assorties à la maison… Plus loin des peaux de phoque parfaitement tendues offrent leur motif gris moucheté à nos regards déjà émerveillés.
16. II. 2019. 13H43. 68° 44′ 39 » N 52° 19′ 28 »W
Pour notre première visite au village, Phil le Marin, capitaine du Manguier, nous emmène chez Jens Peter, l’instituteur du village qui, bien que malade et grippé, nous reçoit selon les règles légendaires de l’hospitalité groenlandaise. Je suis littéralement scotchée devant la collection de pierres de couleur qui décore son intérieur.
Quelques jours plus tard, j’ai commencé un nouveau carnet Canson et je suis retournée dessiner au chaud chez Jens Peter. C’est le premier dessin de toute une série de portraits des habitants du village inuit d’Akunnaaq.